Monday, February 27, 2006

Technique: l'héliogravure

Historique de l’héliogravure
L’héliogravure au grain est un procédé du XIXe siècle permettant le transfert d’une image photographique sur une plaque de cuivre par l’intermédiaire de gélatine photosensible. Il est considéré comme le plus beau mode d’impression d’images photographiques.

L’héliogravure a tenu un rôle essentiel dans la découverte de la photographie, à laquelle son histoire reste étroitement liée. Ce fut Niepce qui, vers 1826, jeta les bases des procédés photomécaniques en découvrant les propriétés photosensibles du bitume de Judée : il réalisa la première reproduction photomécanique, une gravure du Cardinal d’Amboise, qu’il réussit à graver sur une plaque d’étain.
Puis, pendant près de 50 ans, le procédé va être amélioré par Talbot, Nègre et bien d’autres grands pionniers de la photographie.
Finalement, c’est en 1879 qu’un imprimeur viennois Karl Klic, reprenant les travaux de Talbot, Poitevin, Swan et Nègre, aboutit au procédé de l’héliogravure au grain pour produire des images aux dégradés de gris subtils à partir de plaques gravées.
Les photographes tels que Peter Henry Emerson, Alfred Stieglitz, Alvin Langdon Coburn et Edward Curtis, séduits par les qualités de ce procédé, l’ont privilégié pour réaliser la plupart de leurs tirages.
Parallèlement, ce magnifique procédé fut mis au service de l’art traditionnel en permettant enfin une reproduction fidèle des œuvres qu’elles soient dessins, peinture, sculpture…
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’héliogravure n’est pratiquée que par quelques rares ateliers dans le monde, demeurant aux yeux des photographes le procédé le plus fin pour retranscrire leurs images.



Patrick Alphonse, Le chant de la mélancolie


The history of photogravure

Photogravure appeared in the XIX century and is a process which permits the transfer of one photographic image onto a copper plate using the intermediary of photosensitive gelatine. It is considered one of the most beautiful forms of the photographic image.

Photogravure played an essential role in the discovery of photography to which it is still bound.
In around 1826, Niepce discovered the photosensitive properties of Jude’s bitumen. Using the photomechanical process he realised the first reproduction of an etching of the Cardinal of Amboise which was engraved onto a plate of pewter.
Thereafter, for about 50 years, the process was improved by Talbot, Nègre and other great pioneers of photography.
Finally, in 1879 a Viennese printer Karl Klic, examined the work of Talbot, Poitevin, Swan and Nègre and developed the process of photogravure to produce images with degrees of subtle grey from engraved plates.
Photographers such as Peter Henry Emerson, Alfred Stieglitz, Alvin Langdon Colburn and Edward Curtis were seduced by the qualities of this process and chose it for their prints.
Running parallel to this, the sumptuous process of photogravure has also been used in the traditional arts to obtain faithful reproductions of drawings, paintings, sculptures…

Since the end of the Second World War, photogravure has become rarified and is produced in only a few studios throughout the world. In the eyes of photographers, it remains the finest process to transcribe their images.



La technique de l’héliogravure

Philippe Blache, Stabile


L’héliogravure se déroule en différentes étapes :

- Réalisation d’un film positif demi-teintes (absence de trame) à partir d’un original (négatif, tirage papier ou fichier numérique).
- Insolation du film sur un papier gélatiné rendu photosensible après immersion dans un bain de bichromate de potassium.
- Transfert du papier gélatiné sur une plaque de cuivre préalablement grainée (aquatinte très fine).

- Dépouillement de la gélatine dans un bain d’eau chaude laissant apparaître sur la plaque l’image photographique en différentes épaisseurs de gélatine (les parties fines correspondant aux noirs du cliché et les parties épaisses aux hautes lumières).
- Séchage de la gélatine
- Morsure de la plaque dans différents bains d’acide (perchlorure de fer). Les noirs sont attaqués en premier, puis les gris, puis les hautes lumières dans les dernières minutes. Les valeurs de gris du cliché sont donc traduites sur le cuivre par différentes profondeurs de taille: les noirs sont profondément gravés et les valeurs les plus claires très peu. - Impression taille-douce du cuivre héliogravé. La plaque est recouverte d’une épaisse couche d’ encre pigmentée à base d’huile, puis essuyée pour ne laisser l’encre que dans les creux. La matrice est ensuite posée sur le plateau de la presse taille-douce, recouverte d’un papier chiffon humidifié, puis passée entre les rouleaux. La pression exercée permet au papier d’aller chercher l’encre au fond des tailles. L’épreuve finale est donc constituée d’épaisseurs d’encre dont la moindre variation traduit fidèlement toutes les nuances de gris du cliché original. A ce titre, le tirage héliogravé peut être vu en trois dimensions, avec une épaisse couche d’encre dans les ombres et une fine couche d’encre dans les hautes lumières. Au sens de la vue requis par la photographie s’ajoute donc celui du toucher en héliogravure.

L’atelier Hélio’g réalise sur commande des héliogravures pour des photographes, des galeristes, des éditeurs… Au stade de la préparation du travail, l’échange avec l’artiste va permettre de bien concrétiser les attentes de ce dernier, voire d’en prévisualiser les résultats sur un support Fine Art imprimé avec des encres pigmentaires. Sont ainsi précisées la teinte de l’encre ou des encres utilisées pour le tirage taille-douce.
Une fois la plaque gravée, un bon à tirer est signé par l’artiste pour la réalisation du tirage. A cette étape, l’aciérage de la plaque de cuivre est indispensable avant la multiplication des tirages. Cette opération consiste à déposer par électrolyse sur le cuivre une fine couche d’acier qui permettra à la plaque de résister à la pression exercée par la presse taille-douce. Le tirage fini, les épreuves sont toutes numérotées et signées par l’artiste et la plaque de cuivre est rayée. Il est également possible de l’encrer et de la vernir afin de la conserver ou de la commercialiser. La photographie apparaît alors sur le support cuivre, offrant une nouvelle dimension à l’image. Ces matrices peuvent être insérées dans les tirages de tête des portfolios qui acquièrent, grâce à ce support d’exception, une valeur supplémentaire et un caractère unique.




The technique of photogravure
The process of photogravure takes place in several stages :
- Realisation of a positive film of half-tints (absence of framework) from an original image (a negative is printed onto paper from a numeric file).
- Exposure of the film over a photosensitive gelatine paper, the paper becomes photosensitive after an immersion in bichromate of potassium.
- Transfer of the gelatine paper onto the copper plate which has been prepared with a grain (a very fine aquatint).
- Stripping of the gelatine in a hot water solution which allows the photographic image to appear on the plate in different thicknesses of gelatine (the finest areas correspond with the darkest areas on the film and the thickest areas are the lightest).
- Drying of the gelatine.
- Biting of the plate in different acid baths (iron perchlorure). The darkest areas are attacked first, then the greys are attacked and lastly the lightest areas in the remaining time. The grey values of the film are translated into the copper as different sized depths: the blacks are deeply engraved whilst the lights are not.
- Printing of the engraved copper. The plate is covered with a thick layer of oil-based coloured ink. The plate is then wiped, leaving the ink in the etched areas. The plate is then placed onto the press and covered with lightly dampened paper. The plate and paper pass between the rollers. The pressure forces the paper into the inked areas. The final print is thus consituted of various thickness of ink, the slightest variation is translated faithfully into nauances of grey from the original film.
Photgravure can be viewed from three dimensions, the thick layer of ink in the shadows and the thin layer of ink in the lightest areas. From a photographic viewpoint photogravure adds another tactile dimension to the image.

The studio Helio’g works according to the orders placed by photographers, galleries, publishers…
In the preparatory stage of working an exchange between the studio and artist is opened up. This allows for an accurate prediction of the end result on a Fine Art printed support with coloured inks. The inks and shades which will be used for the final prints are determined at this stage too.
Once the plate has been engraved, a ready to print proof is signed by the artist for the print run. This stage is followed by the steel-coating of the copper plate which is paramount to ensuring a quality print run. Electrolysis is used to coat the copper plate with a fine steel-film thus enabling the plate to resist the great pressure exerted by the printing press.
Once printed, the proofs are numbered and signed by the artist and the copper plate is cancelled (lines are drawn through it). If so required it is possible to ink and varnish the plate to conserve it for personal or commercial purposes. The image is revealed in copper. The finished prints can be inserted into a portfolio which adds considerable value to the edition as well as giving the overall edition a unique character.




L’héliogravure, un procédé d’exception
Le choix de l’héliogravure au grain par les photographes pour produire leurs images naît de diverses motivations.

L’esthétique
Les qualités proprement plastiques de l’héliogravure ne sont comparables avec aucune autre technique. Si ce procédé non tramé permet de traduire avec subtilité les nuances des dégradés de gris du cliché original à travers un grain extrêmement fin, ce sont ses noirs profonds dus à l’épaisseur d’encre qui le rendent inégalable.

La créativité
Le photographe, en choisissant l’héliogravure, voit ses possibilités créatives décuplées. En effet, les papiers pur chiffon sur lesquels sont imprimées les héliogravures peuvent être de grammage et de teintes variées. Il est également possible d’opter pour des papiers Japon encollés ce qui apporte une teinte de fond à l’image. Les encres pigmentaires offrent également un large choix à l’artiste quant à l’ambiance qu’il veut donner à son image. On compte par exemple plus de huit noirs différents en taille-douce auxquels on peut ajouter des couleurs afin de les teinter…
L’héliogravure, bien que reproduisant fidèlement le cliché, reste un procédé d’interprétation dont le résultat permet à l’artiste de voir renaître son œuvre sous une autre dimension.

La rareté
L’héliogravure reste un procédé rare et symbolique de l’histoire de la photographie et de ses acteurs les plus connus, et de ce fait le choix même de cette technique permet au photographe de voir son œuvre sublimée.

La pérennité
L’héliogravure est le procédé de reproduction d’images photographiques le plus stable comparativement aux techniques argentiques, et ce grâce à ses composants. L’image est en effet imprimée sur un papier pur chiffon au PH neutre et les encres utilisées sont à base de pigments naturels et d’huile, offrant ainsi à l’héliogravure l’un de ses atouts majeur : la pérennité.


Philippe Blache, Luxe


Photogravure, an exceptional process
The photographer’s reasons for choosing photogravure are diverse and varied.

The aesthetic
The artistic qualities found in photogravure can not be compared with any other technique. This process allows the translation of the image into subtle and nuanced shades of grey from an original negative. This is made possible using an extremely fine grain – an aquatint grain - rendering possible gradation and subtle nuances. The technique produces an unrivalled deep rich, velvet black.

Creativity
When choosing photogravure, the photographer increases the images potential tenfold. There is a wide choice of paper available onto which the photogravure is printed : differences in the weight and colour of the paper contribute to the overall effect of the finished print. It is also possible to print onto Japanese paper which adds a light tint to the image. Coloured inks are available which can change the ambiance of the printed work. For example, there are eight different types of black available, colours can be added to the blacks to obtain various shades. The possibilities are endless. Whilst the photogravure remains faithful to the original negative film, variations of the image can be obtained in the choice of ink, paper, tints…

Rarity
Photogravure is a rare and symbolic process in the history of photography . The most famous photographic pioneers chose this process. Opting to use photogravure today permits the photographer to transform and elevate the work.

Perennial
Due to the composition of the finished print, photogravure is a photographic process of image reproduction which is stable and relatively predictable compared to other silver-film techniques. The image is printed onto a paper which is ph-neutral and the oil based inks are coloured with natural pigments. The end result withstands the test of time.


1 Comments:

Blogger Gil said...

Je viens de voir "Question maison"...ça fait pas mal de temps que je m'intéresse à votre technique...
Je me suis passionné par l'aquatinte mais c'est le lien photo/Gravure qui m'intéresse...
Je vous laisse mes coordonnées...
Gil Masselin/Fleurance. Gers.
06 78 88 80 26
http://atelier-acquaforte.blogspot.com
acquaforte@club-internet.fr

Bonnes fêtes
Gil

2:58 AM  

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